mercredi 18 mars 2009

Lectures II - JIP 1

McCarthy, Patrick. France-Germany in the Twenty-First Century (2001)

France-Allemagne au vingt-et-unième siècle édité par Patrick McCarthy est un recueil d'essais par des auteurs anglo-saxons sur les relations franco-allemandes. Ces essais sont pour la plupart écrits d'une façon très factuels; ils se concentrent sur les développements récents de la relation bilatérale franco-allemande. En même temps, cela est la grande faiblesse du livre, qui est excellent quand ses auteurs prennent une perspective plus large et moins bon quand ils se limitent à une récitation des faits récents plus au moins connus du lecteur.

La base de l'analyse est construite par Patrick McCarthy lui-même qui montre que la relation entre la France et l'Allemagne (ou les états allemands auparavant) a toujours été de la plus grande importance, peu importe si perçue comme une constante et inévitable compétition (voire même une guerre) ou si ces deux pays sont considérés comme des partenaires naturels. McCarthy analyse surtout les sentiments des Français envers l'Allemagne (et parfois l'inverse) en trois périodes majeures, la plus instructive étant celle de 1870 à 1944. Selon McCarthy la fin du 19ème siècle est marquée par une admiration du progrès industriel de l'empire en même temps que par une condescendance envers la culture allemande considérée comme inférieure. L'entre deux guerre les deux camps développent des attitudes fondamentalement différentes. «Superficiellement la France a été divisée entre la politique de Poincaré et Briand;» le premier ayant décidé d'envahir la Ruhr en 1923, le deuxième ayant cherché un compromis avec l'Allemagne de Stresemann.

La coopération franco-allemande après 1945 est détaillée à plusieurs égards dans le livre. L'échange de l'intégration européenne contre l'acceptation internationale de l'Allemagne et plus tard l'équilibre du déséquilibre semblent trop connus pour nécessiter un récit ici. La question pertinente posée par presque tous les auteurs est celle de la continuité de cette relation incomparable («Il n'y a pas deux autres pays au monde qui ont développé une coopération si proche que la France et l'Allemagne»). Après la réunification allemande et la reconstitution complète de sa souveraineté il n'était toujours pas clair si cette coopération allait continuer sur les mêmes termes qu'auparavant. Ainsi, selon les auteurs même le gouvernement Kohl avait déjà évoqué un veto allemand à l'échelle européenne concernant l'intégration de la politique d'immigration. Le gouvernement Schröder plus tard avait suivi ce précédent et montrait une accentuation beaucoup plus forte sur l'intérêt national («Il est vrai que dans les ministères de la République berlinoise on trouve moins de francophilie que dans celles de la République de Bonn.»)

Effectivement sur la scène économique il y aurait trois différences fondamentales entre la France et l'Allemagne depuis des années 1990. La première serait la PAC qui serait toujours financée d'une façon démesurée par l'Allemagne au profit des agriculteurs français. La deuxième source de conflit serait le choix nécessaire entre la politique fiscale et le taux de chômage. Ce choix étant considéré comme inévitable en France contrairement qu'en Allemagne où l'austérité fiscale n'est pas vue comme nécessairement liée à une augmentation du chômage. Même si la crise actuelle semble limiter ces différences, l'introduction d'un frein à l'endettement public en même temps que le plan de relance cette année montre de nouveau la pertinence de l'austérité fiscale outre-Rhin. En lien avec cette divergence franco-allemande, l'indépendance de la BCE est considérée comme sacrée depuis les expériences des années inter-guerre en Allemagne. En France les voix soutenant la supériorité de la politique fiscale du gouvernement sur la politique monétaire sont beaucoup plus prononcées.

France-Germany in the Twenty-First Century offre des regards très divers du monde anglo-saxon sur les relations franco-allemandes. Ces points de vue variés mais extérieurs aident à la compréhension de cette relation. En revanche la répétition de plusieurs détails beaucoup plus connu en France ou Allemagne qu'au lecteur anglophone est plutôt un point faible.

Benjamin Preisler

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