mardi 14 avril 2009

De l'intégration

Presque 20% de la population allemande, soit 15 millions d'habitants, est issue de l'immigration. En chiffre absolu, l'Allemagne occupe donc le premier rang en Europe. Le Berlin-Institut pour la population et le développement a publié une étude sur la question de l'intégration de cette part importante de la population, intitulée « Des potentiels inutilisés – De la situation de l'intégration en Allemagne » (Ungenutzte Potentiale – Zur Lage der Integration in Deutschland). Ces résultats étaient qualifiés de « dramatiques » par la chargée de l'intégration du gouvernement fédéral, Maria Böhmer (CDU).

Les auteurs de l'étude ont créé un « indice d'intégration » afin d'examiner si l'intégration de huit groupes d'origines géographiques différentes est réussie. 20 indicateurs mesurent le degré d'assimilation (par exemple la naturalisation et les mariages avec des Allemands), le niveau d'éducation, le succès professionnel et la protection sociale des immigrés et de leurs descendants. Une intégration réussie est définie comme le rapprochement des conditions de vie des personnes issues de l'immigration avec les conditions de vie des autres habitants.

En moyenne, l'intégration la plus aboutie concerne les quatre millions de rapatriés (Aussiedler) originaires surtout de l'Europe de l'Est et les deux millions d'immigrés originaires des Etats membres de l'Union européenne (à l'exception de l'Europe du Sud). Ces deux groupes sont arrivés en Allemagne avec un niveau d'éducation élevé et ont en général peu de problèmes pour trouver un emploi.

Mais, les personnes issues de l'immigration de l'ex-Yougoslavie, de l'Afrique et surtout de la Turquie ont beaucoup plus de problèmes pour s'intégrer. Même si presque la moitié des 2,8 millions d'habitants d'origine turque est née en Allemagne, le niveau d'éducation reste faible. 30% d'entre eux n'ont aucun diplôme scolaire, et seulement 14% ont le baccalauréat (Abitur). C'est pourquoi souvent ils n'arrivent pas à trouver un emploi.

En général, l'intégration est meilleure dans les régions où le marché du travail est bien développé. Les Länder de Hesse et de Hambourg et les villes de Munich, Francfort, Bonn ou Düsseldorf figurent ainsi parmi les premiers dans l'indice d'intégration, tandis que le Land de la Sarre et les villes de Duisburg, Dortmund ou Nuremberg occupent les derniers rangs.

Cependant, même dans les régions les plus avancées, le taux des personnes issues de l'immigration au chômage ou dépendant des prestations sociales est deux fois plus grand que celui des autres habitants. L'étude conclut sur l'urgente nécessité de faire aboutir trois chantiers : offrir aux personnes issues de l'immigration une meilleure intégration au système éducatif, faciliter leur accès au marché du travail et rendre plus facile leur naturalisation.

Sebastian Schindler



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