mercredi 29 avril 2009

Le SPD


Né de la réunion de deux partis ouvriers fondés dans les années 1860, le Parti social-démocrate d’Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) se nomme ainsi depuis 1890. Il est l’un des plus vieux partis d'Allemagne, et le seul des grands partis actuels datant d’avant 1945. Aux dernières élections européennes de 2004, le SPD a obtenu 21,5% des voix. Jamais dans l'histoire de la RFA, le score des sociaux-démocrates à des élections à l'échelle nationale n'avait été aussi mauvais. La campagne électorale pour les européennes de 2004 fut dominée par des sujets nationaux, notamment par l'impopularité du gouvernement Schröder. Comme les élections européennes de 2009 auront lieu seulement quatre mois avant les élections législatives allemandes, il est peu probable que la campagne électorale se concentre sur des questions européennes. Néanmoins, le parti social-démocrate s'est doté d'un programme explicitement européen pour les élections, l'Europamanifest. Même si, bien sûr, ce manifeste reprend aussi des éléments du programme du parti pour les législatives, comme par exemple la revendication d'un salaire minimum.

Au cœur de l'Europamanifest du SPD se trouve l'idée d’une Europe sociale. Le parti social-démocrate veut donner la primauté aux choix politiques sur la logique du marché, à la justice sociale sur la libéralisation et la déréglementation. Concrètement, le manifeste du SPD propose de compléter l'Union économique et monétaire européenne par une Union sociale. Au Pacte de stabilité et de croissance, qui sert à coordonner les politiques budgétaires des pays de la zone euro, devrait se rajouter un Pacte de stabilité sociale, avec des buts communs pour les dépenses des différents pays dans le secteur social et celui de l'éducation. En outre, l'Europe sociale qu’envisage le SPD sera caractérisée par la fixation de salaires minimums dans tous les pays de l'Union Européenne, ainsi qu'une extension du droit de participation des salariés aux décisions des entreprises.

Si la formule « pour une Europe sociale » n'est que le premier de six slogans du manifeste du SPD, les cinq autres se rassemblent majoritairement autour de l'idée d'une réponse socialement supportable à la crise financière et économique. Ainsi, le SPD plaide pour une Europe de l'emploi, de la croissance qualitative et du progrès écologique (n° 2) ; pour une nouvelle architecture financière européenne et internationale (n° 3) ; et pour une mondialisation juste et sociale (n° 6). Seuls deux points renvoient à d'autres sujets : n°4 à la diversité et aux droits du citoyen, n°5 à la puissance de paix que doit être l'Union européenne.

Quant aux personnes qui défendront ce manifeste au sein du Parlement européen, le SPD choisit de faire confiance à des hommes et femmes politiques expérimentés. Martin Schulz sera à la tête de la liste sociale-démocrate, suivi par Evelyne Gebhardt, Bernhard Rapkay und Jutta Haug, qui sont tous députés européens depuis plusieurs années. M. Schulz a 52 ans, est député européen depuis 1994 et fut élu à la tête de la liste avec un score de rêve de 99,2%, lors des assises du SPD pour les européennes en décembre 2008. Il est président du groupe politique du Parti des socialistes européens (PSE) au Parlement depuis 2004. M. Schulz avait fait les gros titres de la presse européenne en 2003, quand Silvio Berlusconi lui avait offert un rôle de « Kapo » (un prisonnier chargé de surveiller les autres prisonniers dans les camps de concentration) dans un film en tournage en Italie. Schulz avait mis en cause la probité de Berlusconi, à l’époque président du Conseil européen, lors d’une séance plénière du Parlement européen. Mme Gebhardt pour son partie a été la rapporteuse de la directive Bolkestein.
Sebastian Schindler

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