mercredi 1 avril 2009

Lectures II - JIP 2

Globale Ordnungspolitik am Scheideweg – Eine Analyse der aktuellen Finanzmarktkrise

La crise financière, depuis qu'elle montre ses effets sur l'économie réelle, est comparée souvent avec la grande dépression des années 1930 en termes de dangerosité et de force. En février 2009 La fondation économie et politique (SWP) a publié une analyse (La politique d'ordre mondial à la croisée des chemins – Une analyse de la crise financière) profonde et variée de cette crise. Dans cet œuvre de 16 chapitres des auteurs différents décrivent les effets de la crise sur une sélection de pays et de champs politiques.

La montée rapide du nombre de chômeurs dans le monde industrialisé ces derniers mois est le signe le plus fort de la crise, nommée « grande récession » (the great recession) par Paul Krugman entre autres. Le FMI prévoit une contraction économique en Europe et aux Etats-Unis. Dans cette situation, la politique keynésienne de croissance économique étatique est revenue à la mode. Le danger ici est que la concentration sur le redémarrage économique mène à une concentration exclusive sur le court-terme. Le manque d'investissements à long-terme dans la recherche, l'environnement, l'énergie et la sécurité d'alimentation, craint par des chercheurs, peut avoir un impact fatal.

La crise fait apparaître un paradoxe majeur. Révélatrice de l'interdépendance internationale, les réponses qui y sont apportées sont pourtant établies au niveau national sans coordination préalable et, le plus souvent, sans que leurs effets sur le reste du monde soient considérés. Même si les voix réclamant plus de coopération internationale se sont multipliées, le point de vue dans la plupart des pays (surtout aux Etats-Unis peut-être) reste national. La coopération internationale est aussi devenue plus difficile à cause de la diminution relative du pouvoir des Etats-Unis. Ce pays n’est plus capable de remplir son rôle de puissance hégémonique et d’être le déterminant unique des négociations internationales en même temps qu'aucun accord n’est possible sans son appui. Une Europe qui ne parle toujours pas d’une seule voix et l'augmentation du poids d'un groupe diffus des pays émergents compliquent la recherche d'un compromis international. Pourtant, il est évident qu’un marché mondial a besoin d'être régulé sur un seul et même niveau.

La crise d'aujourd'hui trouve ses racines aux Etats-Unis. Une politique monétaire très expansive, à cause de la politique domestique de la Réserve fédérale (Federal Reserve – Fed) mais aussi à cause des déséquilibres mondiaux (une balance de capitaux très positive aux Etats-Unis), a facilité l'expansion de cette bulle spéculative. Aujourd'hui le foyer moyen aux Etats-Unis est endetté à 129% de son salaire disponible ce qui mène à une diminution de consommation, accentuée par des perspectives sombres. De plus, cet endettement est uniquement possible grâce aux investissements chinois et japonais, ce qui est peu durable à long terme. Une chute en valeur du dollar paraît inévitable. Ces deux aspects assurent que les Etats-Unis comme moteur de la croissance n'est plus fiable : par décision collective ou par nécessité inévitable, les importations du plus grand marché du monde vont diminuer, affectant immédiatement tous les autres marchés.

Les membres de l'Union européenne ont pour la plupart été pris par surprise par cette crise. L’Allemagne, en particulier, avait pensé que les événements aux Etats-Unis ne la toucheraient pas. A cause du marché commun, le problème des réponses nationales à une crise internationale est même plus grave au niveau européen, l'interdépendance entre Etats étant plus élevée en Europe. Le succès des programmes nationaux de relance est donc encore plus improbable qu’à l'échelle mondiale. Entre autre la convergence économique dans l'UE est en danger. Surtout, les pays comme la Hongrie ou la Lettonie qui avaient financé leur croissance à crédit vont connaître des difficultés majeures. En ce qui concerne les institutions, l'UE avait la chance d'une présidence française très active (et respectée à cause de son poids naturel), qui a réussi à remplir le vide émanant de la Commission. Le forum décisif trouvé par cette présidence a été l'Eurogroupe plus Angleterre. Cette volonté des gouvernements de trouver un accord par les voies informelles peut être considérée comme un signe positif, mais elle peut aussi apparaître comme un exemple de la faiblesse institutionnelle de l'UE. De plus, la grande divergence franco-allemande sur la question d'un gouvernement économique européen se pose de nouveau après cette crise, même si une réponse possible - pas d'institutions ou de formalisation mais une forte coordination informelle - a peut-être déjà été trouvée.

Le dixième anniversaire de l’euro est marqué par la première récession de la zone euro. D'un côté il est clair que la stabilité de la monnaie commune a renouvelé l'intérêt des Etats européens pas encore membres de la zone euro comme le Danemark ou même l'Angleterre. Cela parce que la Slovaquie par exemple a profité de la force de la monnaie commune et a souffert beaucoup moins de pressions des marchés financiers que des autres Etats est-européens. En même temps l'évaluation très différente entre les emprunts d'Etats de l'Allemagne et de la Grèce ou de l'Espagne pose un danger grave étant donné qu'il est, a priori, interdit aux Etats européens de payer les dettes des autres membres de l’Union économique et monétaire. D’autant plus que l’Allemagne, le grand Etat le moins endetté d'Europe, paraît peu disposé à « payer pour les autres ».

En conclusion, les auteurs demandent plus d'action commune au niveau européen. Cela à cause d'une interdépendance élevée accompagnée d'une faible ouverture sur le reste du monde (22,6% du PIB seulement). Même si l'hésitation politique est compréhensible, il sera inévitable de franchir ce pas face à une crise historique dont les effets vont sans doute augmenter ces prochains mois.
Benjamin Preisler

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