mardi 14 avril 2009

Le « modèle allemand » à l'exportation : pourquoi l'Allemagne exporte-t-elle tant ?

Dans une note du Comité d'études des relations franco-allemands (Cerfa) de l'Institut français des relations internationales (Ifri), Hans Brodersen essaie d'explorer pourquoi l'Allemagne a décroché le titre de « champion du monde de l'exportation » (Exportweltmeister) de 2003 à 2008. Même si cette position doit sans doute être considéré différemment à cause de la crise, l'espoir en Allemagne, souligné de nouveau par la chancelière il y a deux semaines, est que cette force particulière aidera à sortir le pays de la récession.

Les exportations allemandes représentent 44,9% du PIB dépassant largement celles de la France (26,5%), aux Etats-Unis (11,1%) ou même en Chine (39,8%). Ces dernières années l'Allemagne a réussi à stabiliser sa part dont le commerce mondial en contraste avec les autres anciens pays industrialisés qui ont régressé. Une analyse comparable est possible en terme de désindustrialisation où la position de l'industrie allemande s'est consolidé d'une manière atypique.

L'auteur met l'accent sur l'importance ddu développement du libre-échange après 1945 ainsi que sur le marché unique, même si évidemment ces deux aspects ne sont pas uniquement allemands. La position forte de l'Allemagne est plus manifeste chez les nouveaux membres de l'UE. L'Allemagne a profité de cette ouverture de ses voisins naturels en y investissant, sur un terrain déjà préparé (plus de 50% des élèves en Europe de l'est apprennent allemand à l'école), plus que la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis réunis.

Une différence importante entre la France et l'Allemagne est le nombre des entreprises de plus de 250 salariés (5000 en Allemagne, seulement 2000 en France). Pour la plupart ces entreprises sont les PME (Mittelstand) spécialisées et innovatrices qui contribuent largement à la position parmi « les leaders mondiaux dans de nombreux secteur des « technologies d'application » (Anwendungstechnologien) » en terme des brevets déposés.

La tenue des salons et des foires outre-Rhin est aussi un élément important. Les grands sites d'exposition (couverts d'au moins 100 000m²) totalisent 2,1 millions m² au monde. Il y en a 9 en Allemagne qui représentent 30% de l'offre mondiale. En comparaison, il n'y en a que 3 en France pour 336 586 m², soit 4,7% de l'offre mondiale. L'organisation des salons professionnels n'est pas seulement un savoir faire qui s'exporte, elle sert aussi de multiplicateur important et international pour les PME qui ne sont pas nécessairement déjà présentes à l'étranger.

Dernièrement, la hausse des salaires en Allemagne depuis la réunification a été beaucoup moins prononcée que dans les autres pays de la zone euro, faisant de l'Allemagne le plus grand bénéficiaire de la monnaie commune.

Broderson essaie aussi de trouver une constante dans l'histoire allemande d'une économie basée sur les exportations. Cette constante convainc peu et semble peu pertinente vu le nombre de clivages importants au 20e siècle et la mondialisation actuelle, peu comparable même avec celle d'avant 1914.

Il reste à déterminer quel effet le récession mondiale aura sur le modèle allemand, même s'il semble évident que le marché intérieur inévitablement devra gagner en importance afin de compenser les déséquilibres mondiaux, à court terme il est bien possible que l'économie allemande cherche de nouveau à se baser sur une croissance liée aux exportations.

Benjamin Preisler

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire