mercredi 1 avril 2009

Lectures I - JIP 2

Schwarzer, Daniela, Deutschland und Frankreich: Nie so nah und doch so fern?

Dans une note (L'Allemagne et la France : si proche, si loin?) pour la fondation économie et polique (Stiftung Wissenschaft und Politik - SWP) Daniela Schwarzer étudie de près les relations franco-allemandes depuis la déclaration commune à l'occasion du 40e anniversaire du Traité de l'Elysée en 2003. Cette analyse nous permet d'appréhender les perspectives du vieux couple dans une Union européenne à 27.

Selon Schwarzer deux évolutions principales ont marqué les relations franco-allemandes depuis 2003. La première serait la création de nouvelles structures de concertation qui auraient consolidé la coopération bilatérale. Notamment la réunion régulière d'un Conseil des ministres franco-allemand et l'institution d'un Secrétaire général pour la coopération, rattaché personnellement au Chancelier et au Premier ministre, seraient à l'origine d'un réseau bilatérale unique entre les deux Etats-nations. Ce réseau permettrait le maintien d'une coopération étroite en temps de crise.

Mais c'est effectivement cette « crise continue » qui, dans l'analyse de Schwarzer, constitue la seconde évolution importante dans les relations franco-allemandes. Loin de tensions occasionnelles et éphémères, il s'agirait au contraire d'une crise d'adaptation profonde après la réunification allemande et l'élargissement de l'Union européenne. La montée en puissance d'une Allemagne réunifiée et le déplacement sensible du centre économique et politique vers l'est de l'Union mettraient en péril l'ancien équilibre des deux partenaires.

D'après Schwarzer les crises des années 2007/2008 ont étayé l'hypothèse que des rapports institutionnels forts peuvent bien maintenir un certain niveau de communication, mais ne suffisent pas pour une relance du « moteur  franco-allemand» dans l'intégration européenne. « Le couple franco-allemand ne fonctionne pas sans l'appui et et le volontarisme de ses leaders politique », c'est là, la thèse centrale de l'étude de Schwarzer. Des Forums d'échange direct entre le Chancelier et le Président de la République comme les « rencontres de Blaesheim » restent indispensables pour une concertation immédiate et discrète entre les deux Etats.

Selon Schwarzer la coopération franco-allemande reste incontournable pour le processus d'intégration européenne. Malgré une perte d'influence importante du couple dans l'Union élargie aucune initiative d'intégration importante ne pourra s'imposer sans l'accord de la France et l'Allemagne dans les années à venir. Une possible sortie de l'impasse - et voilà la proposition la plus intéressante du rapport - serait la création d'une unité de recherches stratégiques bilatérale pour l'analyse des défis (p.ex. migration, économie, environnement) et l'élaboration d'un projet commun pour le futur de l'Union européenne.

L'étude de Daniela Schwarzer démontre l'ambiguïté des rapports franco-allemands à l'heure actuelle. Même la coopération la plus étroite qui ait jamais existé entre deux Etats-nations au niveau administratif et institutionnel ne dispense de la volonté politique de renouveler sans cesse ces relations amicales. Le rapport est moins fort dans l'analyse des perspectives du couple dans l'Union européenne. La dynamique européenne des 20 dernièeres années a montré que le futur de l'Union est difficile à prédire. Une vue dogmatique de la nécessité du « moteur franco-allemand » démontre un certain centrisme franco-allemand qui exclut l'émergence possible d'autres centres d'initiatives en Europe.
Markus Lammert

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