mercredi 1 avril 2009

En détail - JIP 2

Quelle stratégie pour une politique africaine ? La perspective allemande.

Le rapport des députés Jean-Louis Christ et Jaques Remillier intitulé La Politique de la France en Afrique a développé des grandes lignes pour une nouvelle politique de la France en Afrique. Ce rapport affirme très explicitement que l'engagement de la France en Afrique doit être multilatéral et en collaboration avec les autres partenaires européens.

Quelles sont donc les orientations de la politique africaine outre-Rhin et chez les autres partenaires européens ?

Points de départ
Tout d'abord l'engagement de l'Allemagne sur le continent africain n'a pas de légitimité automatique. Les rapports entre les pays du continent africain et l'Allemagne sont moins enracinés mais aussi moins tendus que les rapports entre la France et l'Afrique. Un fait qui est dû à une colonisation moins durable et des ambitions moindres de l'Allemagne sur le plan de la politique étrangère. De plus, l'absence d'une langue commune et un imaginaire décalé sur l'Afrique en Allemagne pèsent sur les relations. Toutefois l'instrument des fondations politiques (la Friedrich Ebert Stiftung ou la Konrad Adenauer Stiftung) et les réseaux de la coopération de la RDA ont contribué au développement des relations profondes entres les sociétés civiles et les partis politiques du continent.

Personnalités pour l'Afrique
Le grand retour de l'Afrique dans l'agenda politique allemand a eu lieu avec l'élection de l'ancien président du FMI Horst Köhler (CDU) à la tête de la République fédérale. Dès le début le président a déclaré qu'un nouveau partenariat avec l'Afrique ferait partie de ses priorités.

Du côté des sociaux-démocrates, la ministre du développement et de la coopération économique Heidemarie Wiecoreck-Zeul a fait partie des personnages les plus engagés pour l'Afrique. Elle s'est notamment engagée pour la réconciliation avec la Namibie, ancienne colonie allemande. En 2004 elle a demandé au nom de la République fédérale pardon au peuple de Herero et Nama pour le génocide en 1904 et a reconnu la responsabilité de l'Etat allemand.

Le priorités de la politique africaine pour 2009
Comme le rapport de l'Assemblée nationale, la stratégie allemande s'intègre dans une ambition européenne d'un partenariat avec l'Afrique. Le Président Horst Köhler promeut en particulier un dialogue sur un pied d'égalité avec l'Afrique sur le terrain de la coopération économique, la paix et la lutte contre le SIDA. Derrière ce principe central, les priorités de l'Allemagne sont l'établissement et la fortification des Etats, le soutien aux institutions démocratiques et le dialogue culturel. L'Allemagne s'engage particulièrement dans l'éducation et pour le dialogue inter-culturel. Les grandes mesures sont l'élargissement des programmes du Deutsche Welle et l'expansion des Instituts Goethe.

En termes économiques les échanges avec l'Afrique représente seulement 1% du commerce extérieur de l'Allemagne (33,3 milliards € en 2007 contre 23 milliards € et 4,5% en 2005 pour la France). Concernant l'économie les tendances pour les deux pays s'opposent, les échanges entre l'Allemagne et l'Afrique augmentent contre un bilan à la baisse pour la France. Les régions clés pour l'Allemagne sont l'Angola, le Golfe de Guinée et l'Afrique du Sud.

A propos de la politique pour la paix la République fédérale compte sur un engagement des organismes régionaux comme l'Union Africaine et l'ECOWAS. En mettant l'accent sur la prévention des conflits et la médiation des crises l'Allemagne s'engage dans l'observation des élections et se sert de l'instrument service civil pour la paix. Face à une opinion publique qui s'oppose aux interventions militaires l'Allemagne s'engage surtout dans la formation des forces de police et les missions de surveillance de maintien de la paix (peace-keeping). Ensemble avec la marine française les bateaux allemands défendent les routes du commerce sur la Corne de l'Afrique dans le cadre de la Force européenne navale en Somalie.

France-Allemagne : intérêts communs – des outils différents
Encadrée par la politique européenne la France et l'Allemagne partagent les mêmes objectifs pour leur présence en Afrique : des Etats stables, autonomes et démocratiques en Afrique qui fonctionnent comme partenaires commerciaux et d'échanges culturels. La France et l'Allemagne ont des points de départ différents mais sur les deux bords du Rhin les ont compris que l'Europe peut seulement jouer un rôle en Afrique s'ils sont à l'écoute des Africains et s'ils sont capable d'offrir des partenariats sur la base du principe gagnant-gagnant.
Tobias Mörike

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